La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
PROVERBES DU BÉARN
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— OISEAUX —
- — Agle nou s'ahourreix sus mousque. Aigle nie fond sur mouche.
« L'aiglo noun casso i mousco. » « S'es jamai vist leioun faire la casso i lèbre. »
- — Arroumerat coum u golitz.
Pelotonné comme un rouge-gorge. Pendant l'hiver, le pauvre petit oiseau frileux se ramasse en forme de boule.
— Jarret de golitz, jarret de rouge-gorge. Un homme sans force qui veut faire le vigoureux.
- — Ausèt de baxe nature, Si haut bole chic lou dure.
Oiseau de basse nature (qui vole bas par nature), s'il vole haut, peu lui dure.
Se dit de ceux qui veulent s'élever trop au dessus de leur condition.
- — Beroy callat. Joli cailleteau :
comme on dit en fr : « beau merle» ou «joli moineau ». L'individu que l'on designe ainsi n'est pas moins désagréable au moral qu'au physique.
- — Blounde coum la coude deu mèrlou. (Jeune filie) blonde comme la queue du merle.
Variante :
Qu'ère darre lou plèix quoand lou boun Diu balhabe la coulou aus mèrlous.
Elle était derrière la haie quand le bon Dieu donnait la couleur aux merles.
— On dit aussi : blangue coum u clabet, blanche comme un clou de girofle.
- — Cap de courbas. Tête de corbeau.
Un individu de mauvaise mine, dont il faut se méfier.
- — Cent esparbès nou-y paharén pas ue laúdete. Cent éperviers n'y prendraient pas une alouette.
« Là où il n'y a rien, le roi perd ses droits. » « On ne peut prendre un homme ray (chauve) aux cheveux. »
- — Coenhtat coum lou coucut au mées de may. Affaire comme le coucou au mois de mai.
Cet oiseau est alors en quéte d'un nid qui n'est pas le sien pour y déposer ses ceufs.
— Chut ! Has-tu entenut Canta lou coucut ! Chut ! as-tu entendu chanter le coucou.
D'après une ancienne superstition très répandue en France, «le chant du coucou, le premier mai, était un augure favorable ; si on l'entendait cinq fois, c'était un signe infaillible de guérison ou de bonheur ».
—Aujourd'hui, les mots Chut ! Has-tu entenut, etc. ne sont plus que le refrain de la chanson si populaire : Si toutz touts lous coucutz
Pourtaben sounetes, Harén mey de brut Que mile troumpetes.
Si tous les coucous portaient des sonnettes, ils feraient plus de bruit que mille trompettes.
- — Dab tres garies e lou pout Que-m f... de tout. Avec trois poules et le coq je me f... de tout.
Que j'aie quelque chose qui vaille, je saurai me tirer d'aíïaire. « Aide-toi, le ciel t'aidera. »
- Delicat coum ue peditz d'auque. Délicat comme une patte d oie.
On n est pas plus malpropre, plus sale. (L'oie patauge dans toutes les saletés des basses-cours de la campagne.)
— A Lectoure (Gers), on dit: « Hastious coum'un esclop de pent », sale comme un sabot d étable.
- — Despuixs Sent-Barnabè, Lou coucut bad esparbè ; Despuixs Sent-Luc, L'esparbè rebad coucut.
Depuis la Saint-Barnabé, le coucou devient épervier; Depuis la Saint-Luc, l'épervier redevient coucou.
On prétend que cela s'applique à l'homme de Boileau : Qui va du blanc au noir, et tombe au moindre choc,
Aujourd'hui dans un casque et demain dans un froc.
- — Etz guitz de Sent-Grat.
Les canards que l'on tue pour célébrer la fète de Saint Grat.
- — Fier coum u hasaa de la halhe.
Fier comme un coq de sa crète. « Fier comme Artaban. » faire le petit coq ; dresser les cornes, le nez ; se dresser sur ses petits ergots, s'enorgueillir.
- — Guilhem-pesquè. Guillaume-pêcheur.
Un individu qui a les jambes gréles et longues comme les pattes d'un échassier, le martin-pécheur, le héron.
- — Habè dinés coum l'auque halhe. Avoir de l'argent comme l'oie de la crête.
« Chargé d'argent comme un crapaud de plumes. »
- — Habè de toutz plaps coum la pigue.
Avoir de toutes taches (étre tacheté) comme la pie. Se dit de tout ce qui n'est pas un, qui est divers.
- — Ha coa lou berdou. Faire couver le verdier ;
signifie faire attendre, obliger quelqu'un à « faire pied de grue ».
- —Ha coum lou pinsaa, Parti hoey touma doumaa.
Faire comme le pinson, partir aujourd'hui revenir demain.
Sens counget partit, Que tourne sens embit. Parti sans congé, il revient sans invitation.
- — Hardit coum u hasanhet de Sent-Martii. Hardi comme un cochet de la Saint-Martin.
Oiseau de passage ; perché sur le sommet des haies, toujours en éveil, il est difficile à approcher.
Il porte sur la tête une touffe de plumes qu'il hérisse de façon à lui donner quelque ressemblance à une créte ; de là, sans doute, le nom de hasanhet, diminutií de hasaa, coq. Il parait dans nos contrées avant l'hiver, vers la Saint-Martin.
- — Ha u tour a las sedades. Faire un tour aux lacets.
Allez voir s'il y a des grives prises. (Sedades, lacets de crins de cheval.)
Le proverbe s'emploie en parlant de quelqu'un qui va faire sa ronde, lorsqu'est venu le moment qu'on appelle « l'heure du berger ». On a dit plus d'une fois que l'amour n'est qu'un piège.
- — Hore deu criit deu hasaa. Hors du cri du coq.
Loin du logis, et, aussi, loin du maitre. « La pire chose qui puisse arriver à un fermier, c'est d'entendre le coq de son maître. » L.-F. Sauvé, l'rov. de la Basse-Bretagne; avec cette note : « Le cultivateur bretón redoute la surveillance, et celle-ci le menace d'autant plus que la maison du maitre est plus rapprochée de la sienne.» Chez nous, esta hore deu criit deu hasaa, c'est être à l'abri des reproches.
- — Labe-t, labe-t, courbas, Jamey blanc nou baderas.
Lave-toi, lave-toi, corbeau, jamais tu ne deviendras blanc.
— Ni per labe ni per cure, Si nou biè de nature. Ni par lavage, ni par fourbissure, si ça ne vient de nature. Au sens du proverbe hindou : « On a beau laver le charbon, il ne blanchira pas.»
- — Las pigues nou s'y estanguen pas. Les pies ne s'y arrétent pas.
Des terres si pauvres que le vivre y manquerait même aux pies. « Où il n'y a rien, personne ne demeure » D'un terrain malsain, « Les corneilles elles-mêmes n'y peuvent vivre. »
- — Lengue d'aucat. Langue d'oison.
Personne qui est importune par sa loquacité, par son bruyant bavardage.
- — Lous estournètz que baden magres a troupètz. Les étourneaux deviennent maigres à troupeaux.
Lous estournugalhs a troupes nou baden pas gras. Les étourneaux en troupe ne deviennent pas gras.
« Ce qui fait que les étourneaux sont maigres, c'est qu'ils sont beaucoup sur peu. »
- — Magre coum u picaranh, Maigre comme un pivert.
N'avoir que les os et la peau.
- — Moulhe las garies. Traire les poules.
Ne faire rien qui vaille, perdre son temps. En français : « Traire les boucs. »
- — Mounta hasaa e debara capou,
Se dit d'un homme plus fanfaron que vigoureux. « Grand vanteur, petit faiseur. »
- — Perdouna l'esparbè e puni lou couloum. Pardonner à l'épervier et punir le pigeon.
« Les petits sont sujets aux lois et les grands en font à leur guise. »
Sources
- V. LESPY, Dictons et Proverbes du Béarn, Imprimerie, Garet, Pau, 1892
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