La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




PROVERBES EN BÉARNAIS


— MÉTÉROLOGIE —

  • A la coaquère detz courbas, Pren la cape si t'en bas.
    Aux croassements répétés des corbeaux, prends la cape si tu t'en vas. On dit ailleurs : « Lorsque le pivert crie, il annonce la pluie. »

  • Are de Sent-Martii Bau mey et see qu'et matii.
    L'arc-en-ciel de la Saint-Martin vaut mieux le soir que le matin.

  • Arrayade blanque, Plouye nou manque.
    Blanc rayonnement du soleil, pluie ne manque (présage de pluie).

  • Aube arrouye, Bent ou plouye. Aube rouge, vent ou pluie.
    En provençal : « Rougéirola dau mati ploja en cami. » « De rouge matinée, Lede vesprée. »

  • Balaguère Nou's mourt jamès de sequère.
    Vent du midi ne meurt jamais de sécheresse. Bent d'autaa, Plouye doumaa. Vent du midi, pluie demain.

  • Baran dera lue seque ra lague. Halo de la lune sèche la flaque.
    « Quand le cercle autour de la lune est près, la pluie est loin. »

  • Baran det sou Gouheix ere cape det pastou. Halo du soleil trempe la cape du pasteur.
    « Quand un cercle se forme autour du soleil, signe d'une pluie prochaine. »

  • Bole, bole, mounguiraut; Si boles, boles, Doumaa que hera bèt die de caut !
    Vole, vole, coccinelle ; si tu voles, voles, demain il fera une belle journée de chaleur. Mounguiraut est-il une corruption de « bolo-guiraut » dans l'idiome du Tarn ? « Bolo, bolo-guiraut, Ke dema fara caut. » Gary, Dictionnaire. On donne aussi à la coccinelle le nom de Boule-Marie, Vole-Marie.
    En français on l'appelle vulgairement petite bête du bon Dieu, bête à la Vierge. Disetz-me bous, boule-marie, Si doumaa hera beroy die. (N. Laborde.) Dites-moi, vous, coccinelle, si demain il fera joli jour (si le jour de demain sera beau).

  • Bouhe balaguère, Madure milhouquère.
    Au souffle du vent du midi mûrit le maïs.

  • Cèu anherè, cèu leytè.
    Littéralement : ciel qui a des agneaux, ciel qui donne du lait. «Ciel moutonné, ciel pluvieux.»

  • D'aquet bent nou sourtira pas plouye.
    De ce vent il ne sortirà pas de pluie. Des menaces non suivies d'effet.

  • En abriu, Nou lèxes laa ta prene hiu.
    En avril, ne laisse pas la laine pour prendre le fil. « Au mois d'avril ne quitte pas un fil. »

  • Heurè qu'ha de bères goujes ; Martz que las hè mouquirouses.
    Février a (quelquefois) de belles filles, mars les rend morveuses. (Les belles filles de février ; c'est une floraison hâtive.)
    — Si heurè ha de bères hilhes, Martz que las y pilhe. Si février a de belles filles, mars les lui enlève.
    S'il y a floraison en février, la bise de mars la détruit. Dans les Prov. et Diet, agricoles de France (Basses-Alpes) : « Quand février n'est pas rigoureux, mars écorche. »

  • Hoey etz bouhatz, Doumaa etz pixatz.
    Aujourd'hui les (grands) souffles, demain les averses. « Après le vent la pluie. »

  • La plouye segueix l'aurounglete qui bole baix.
    La pluie suit l'hirondelle qui vole bas. « Quand l'hirondelle rase la terre, Adieu la poussière. »

  • L'aygat de Sent-Barnabè, Ou dabant ou darrè.
    L'eau ahondante (pluie, débordement) de Saint-Barnabé, ou devant ou derrière. Pluye de Saint-Michel, soit devant, soit derrière, elle ne demeure au ciel. »

  • Lou darrè de heurè, La garie s'emporte la tourrade au pèe.
    Le dernier (jour) de février. la poule emporte la gelée à son pied. Généralement, dés la fin de février, les grands froids sont passés. Dans la Hante-Garonne : « Nèu de honrè nou demonre an palhè », la neige de février ne tient pas sur la meule de paille.

  • Loup de Sent-Yoan. Loup de Saint-Jean.
    Dans les hautes-vallées, on donne ce nom au brouillard qui, certaines années, aux approches de la Saint-Jean, est trés nuisible aux fruits de la terre.

  • Lou tounerre deu matii Qu'engourgue lou moulii ; L'areoulet deu brèspe Que hè seca la jéspe.
    Le tonnerre du matin engorge le monlin fait pleuvoir) : l"arc-en-ciel du soir fait sécher la mauvaise herbe dans les blés.

  • Mountanhe clare, Bourdèu escu, Plouye de segu.
    Montagne claire. Bordeaux obscur, pluie pour sûr. Cela se dit aussi en Gascogne . Mais, on ajoute en Béarn : Mountanhe escure, Bourdèu cla, Plouye nou y-haura. Montagne obscure, Bordeaux clair. il n'y aura point de pluie.

  • Nou y-ha bent pescayre ni cassayre.
    Il n'y a vent pécheur ni chasseur. En temps de vent, on ne prend ni gibier ni poisson.

  • Per darrè que y-ha braguè.
    Par derrière il y a amas de nuages. La pluie ne tardera pas à tomber. (Darrè, en béarnais, signifie l'ouest. Les nuages amoncelés à l'ouest sont gros de pluie. comme le pis de la vache, braguè, est plein de lait.)

  • Per Sent-Bisentz pujen las jelades e baxen lous bentz.
    A la Saint-Vincent montent les gelées et descendent les vents. Dans le Lavedan (H.-Pyr.) : Enta Sent-Bincens s'abaxen etz tors e puyen etz bentz. A la Saint-Vincent s'abaissent les gelées et montent les vents.

  • Que-s sab en abriu, Si lou lii ey mourt ou biu.
    On sait en avril si le lin est mort ou vivant.

  • Qui escoute perigla, beyra lèu peyrebate.
    Qui entend tonner, verra vite grêler.

  • Quoand la baque leque, L'endoumaa arrè nou seque.
    Quand la vache lèche, le lendemain rien ne sèche. Le suintement des murs, des parois, où lèche la vache, est un indice de pluie prochaine.

  • Quoand la lue cambie en bèt, Tres dies après pren lou capèt.
    Quand la lune change en beau (par un beau temps), trois jours après prends la cape (il pleut).

  • Quoand et Gabe ploure, Que y-haura bent ou plouje.
    Quand le Gave pleure, vent ou pluie.

  • Quoand et tutaa tute en heurè, Qu'habem l'hibèr darrè.
    Quand le hibou se fait entendre en février, nous avons l'hiver derrière. L'hiver sera long.
    Dans le Lavedan (H.-Pyr.) : Quand et choc cante en herebè, Boè, replegue-t et palhè. Quand la chouette chante en février, bouvier, ménage la paille. La récolte sera tardive ou insuffisante.

  • Quoand lou cèu perdigue, Si nou plau, nou trigue.
    Quand le ciel est gris, tacheté, s'il ne pleut, il ne tarde (guère à pleuvoir).

  • Quoand martz soureye, Abriu et may que plabusqueye.
    Quand au mois de mars le soleil darde ses rayons, il y a de la pluie en avril et en mai.

  • Quoand Pasques marseye, Cemitèri gauteye.
    Quand le jour de Pâques est en mars, le cimetière est béant.
    — Quoand Pasques marsecesque, Lou cemitèri que pesque. Quand le jour de Paques se trouve en mars, le cimetière pêche. Année de grande mortalité.
    — Dans le Lavedan : Pasques marsesques, Era hami pesques ; Se nou la pesques, l'adesques ; En cimitèri force toumbes fresques.
    —Pâques en mars, tu pêches la faim ; si tu ne la pêches, tu la nourris ; au cimetière beaucoup de tombes fraîches.

  • Quoand pete Martii, Tremblatz tau bii.
    Quand retentit le tonnerre de mars, tremblez pour le vin. « Quand il tonne en mars, le bonhomme dit : hélas ! »

  • Quoand plau en aoust, Plau mèu e moust.
    Quand il pleut en août, il pleut du miel et du moût.
    —Dans les dép. du Gard et de Vaucluse, on dit : « Se plòu ou més d'aous, Es tout oli e tout mous » ; S'il pleut au mois d'août, huile et vin partout.

  • Quoand y-ha hèe dinqu'aus trabatès, que y-ha hibèr dinqu'a la bisque.
    Lorsqu'il y a du foin jusqu'aux combles, il y a hiver jusqu'au faîtage. Si le foin est très abondant, l'hiver (prochain) sera fort rigoureux.

  • Sent-Yan brabe e prous, Sent-Pierre malacarous.
    Saint-Jean (est) bon et doux, Saint-Pierre acariàtre. Il résulte d'observations locales, qui datent de loin, que le plus souvent il fait beau le jour de la Saint-Jean, et qu'il pleut et grêle le jour de la Saint-Pierre. — En Gascogne, on donne au bon saint Jean le nom de « porte-pain » : Lou bou sent Jouan Qu'ets aperon lou porte-pan. Le bon saint Jean, on vous appelle le porte-pain.

  • S'ey biste tremoula la bielhe au sarcadé, Y lou chibau a l'estable.
    On a vu la vieille trembloter au champ où elle sarclait, et le cheval à l'étable.
    Se dit en mai pour signifier que les froids ne sont pas encore passés.

  • Si boü ha bèt, l'arra En haut que ba. Mes si descend, que plabera.
    S'il veut faire beau, la rainette va en haut (dans la bouteille où on l'a mise) ; mais si elle descend, il pleuvra.

  • Si hè bèt lou die de la Candelère, Que y-haura mey de bii que d'aygue ;
    Si plau, si niu at bou ; Si torre, a pixorres.
    S'il fait beau le jour de la Chandeleur, il y aura plus de vin que d'eau ; s'il pleut, (il y en aura) si Dieu le veut ; s'il gèle, (il coulera) « à flots ».

  • Si martz nou marsouleye, Toutz mees l'an goutereyen.
    Si mars n'a pas ses giboulées, tous les mois l'an dégouttent (il pleut tous les mois de l'année).

  • Si nou torre per la Cayre, Paa ni bii nou y-ha goayre.
    S'il ne gèle par la Chaire (le jour de la fête de la Chaire de Saint-Pierre), il n'y a guère de pain ni de vin.

  • Si plau lou matii, Nou t'estanques de parti.
    S'il pleut le matin, ne t'arrêtes point de partir. En français : « Pour pluie du matin, Ne faut laisser son chemin. »

  • Sourelh de la Candelère, Quarante dies l'ours a la tutère.
    Soleil de la Chandeleur, l'ours (reste) quarante jours dans la caverne. « Quand l'ours met ce jour-là sa patte à la fenètre, il la retire pour quarante jours. » «La Chandeleur froide marque un bon hiver, la Chandeleur chaude menace d'un hiver après Pâques. »
    Proverbes basques. « Cuando la Candelaria llora, El invierno ya va fuera. »
    — On dit encore en Béarn :

    Desempuixs la Candelère,
    Quarante dies d'hibèr encoère,
    L'ours alabetz qu'ey entutat ;
    Si hè sourelh, aquet die, que ploure
    E ditz que l'hibèr qu'ey darrè ;
    Si mechant temps hè,
    Que ditz que l'hibèr qu'ey passat.

    Depuis la Chandeleur, il y a encore quarante jours d'hiver, l'ours alors est dans la caverne ; s'il fait soleil, ce jour, il pleure et dit que l'hiver est après ; s'il fait mauvais temps, il dit que l'hiver est passé.
    — Dans les Basses-Alpes : « A la Tchandelièro, Grand fret, grand névièro ! Si faï beau ! l'ours suorté de sa tanièro, Faï tres tourts, Et rientro per quaranto jourts. »
    On disait aussi en Bourgogne : « Si fait beau et luit Chandelours, Six semaines se cache l'ours. »
    — Dans le Calendrier des bons laboureurs pour 1618 :

    Si le douzième de février
    Le soleil apparait entier,
    L'ours, estonné de sa lumière.
    Se va remettre en sa tanière,
    Et l'homme ménager prend soin
    De faire resserrer son foin ;
    Car l'hiver, tout ainsi que l'ours,
    Séjourne aussi quarante jours.

    Plus de deux siècles avant le Calendrier des bons laboureurs, un prince Béarnais, Gaston Phoebus, avait écrit dans le livre de la Chasse :
        « Les ours mascles demuerent aussi dedens les cavernes quarante jours sanz mangier et sanz boyre, fors qu'ils poupent leurs mains, et au quarantième jour, issent hors. Et si celuy jour fet bel, ilz s'en retournent dedens leurs cavernes, jusques à aultres quarante jours ; quar ilz pensent que encore fera mal yver et froit jusques à celi jour. Et, si ledit jour qu'ilz issent de leurs cavernes fet let, ilz vont hors, pensant qu'il fera bel temps d'ilec en avant. » (sic)
    — (Gaston Phoebus a introduit dans le français de son livre le mot poupent, suçent, qui est béarnais ; poupa, dans notre idiome, signifie téter : on appelle une nourrice may de poupe, mère de mamelle.)

   Sources

  • V. LESPY, Dictons et Proverbes du Béarn, Imprimerie, Garet, Pau, 1892
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