La vallée d'Ossau : Culture, et Mémoire.
LOCUTIONS ET PROVERBES
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- —A pay espareguàyre hilh barrejàyre.
A père économe, fils prodigue, gaspilleur.
- —Autan de caps, autan d'abis.
Autant de têtes, autant d'avis.
- —Arrousega la sabate.
Se donner du mouvement ; aller de çà, de là.
- —Abe u clàu à la sabate.
Avoir des ennuis (avoir un clou à la sandale).
- —Au cor deu hoec e au casau Que-s judje la daune de l'oustau.
C'est à l'aspect du coin du feu et du jardin que l'on juge la valeur de la maîtresse de maison.
- —A bouque barrade mousque nou y entre.
Dans une bouche fermée, rien n'entre. (Il faut parler quand on veut obtenir quelque chose).
- —Badalha nou pou menti : que bou minja ou que bôu droumi.
Le bâillement ne ment pas (ne trompe pas) : il veut manger ou il veut dormir.
- —Cassàyre, pescàyre, bebedou, jougadou N'an jamey heyt boune maysou
Chasseur, pêcheur, buveur, joueur. N'ont jamais fait une bonne maison. (Constitue un bien familial.)
- —Cap boeyt coum ue canabère.
Tête vide comme un roseau.
- —Co que oélh nou bet co nou crèbe
Ce que l'œil ne voit pas ne fait pas mal au cœur.
- —Dab lou cap frés e lous pes cauts nou serat James malauts.
Avec la tête fraiche et les pieds chauds, vous ne serez jamais malades.
- —En ta-s marida que cau esta dus.
Pour se marier, il faut être deux.
- —Hasses pas tan de l'omi : lou tou pay que porte esclops.
Ne fais pas ainsi le fier : ton père est un homme du peuple ; il porte des sabots.
- —Hemne de lue e ben. Que cambien souben
Femme, lune et vent, Varient fort souvent,
- —Hemne courrière ou frinestère n'ey pas boune manadjère
Femme qui court toujours « ou regarde par la fenêtre » N'est pas bonne ménagère.
- —Joén qui a lous oelhs uberts e bielh qui ans a cluquats ne soun loegn d'està enterrats.
Jeune qui veille et vieux qui dort sont bien près de la mort.
- —Jaméy gran nas n'a desoundràt figure.
Jamais un grand nez n'a déparé un visage.
- —L'estère que-s semble au hust.
Le copeau ressemble au bois ; il est de la même espèce. (Tel père, tel fils ! )
- —La boune menadgère que hè la hilhe la prumère.
La bonne ménagère Fait la fille la première.
- —La noeyt qu'ey t'a droumi.
La nuit est pour dormir (non pour travailler ou festoyer)
- —Lou lheyt qu'ey t'a droumi.
Le lit est fait pour dormir (non pour y flâner).
- —La noeyt, qu'ey loungue quoan nous s'y droum pas. La nuit est longue quand on ne dort pas.
La nuit parait longue quand on souffre ou quand on a des soucis.
- —Lou qui a bouquète qu'aye bousséte. "
Celui qui a fine bouche qu'il ait la bourse pleine.
- —Lou qui s'abrigue de-d'ore e se lhebe mati he bous soûs ahas e bed lous déu besi.
Celui qui se couche de bonn.;! heure et se lève de bon matin. régis bien se,; affaires (gagne de l'argent) et voit, juge bien celles de ses voisins (ou de son concurrent).
- —Lou qui s'at hè medich qu'ey segu d'esta serbit.
Celui qui fait son travail lui-même est sûr d'être servi.
- —Lou mau qu'arribe à chibàu e que se-n tourne a pè.
Le mal arrive à cheval et se retire à pied. Le mal survient rapidement et la guérison ne vient que lentement.
- —Lou mau deus us nou goarech pas lou mau deus autes.
Le mal des uns ne guérit pas celui des autres. Ce n'est pas une bonne consolation pour celui qui souffre de savoir qu'il n'est pas seul à souffrir
- —Lou qui nou hè pas quoan pot, nou hè pas quoan bou.
Celui qui ne fait pas son travail quand il peut ne le fait pas quand il veut.
- —Lou mau deus us nou goarech pas leu mau deus autes.
Le mal des uns ne guérit pas celui des autres.
Ce n'est pas une bonne consolation pour celui qui souffre de savoir qu'il n'est pas seul à souffrir.
- —Lou mau dou pè nou ba pas à l'erbè.
Le mal du pied ne va pas à l'estomac ! il n'empêche pas de manger.
- —Lous joéns que-s mourechen e deus bielhs ne-n demoure pas nad.
Les jeunes meurent et parmi les vieux il n'en reste aucun : la mort frappe tout le monde.
- —Lous bielhs ban decap à la mourt e la mourt ba decap aux joéns.
Les vieux vont vers la mort et c'est la mort qui va vers les jeunes.
- —Lou qui a biscut lountems n'a pas lountems à bibe.
Celui qui a beaucoup vécu n'a pas longtemps à vivre.
- —Las hemnes ne soun pas maçous. Toutu que hèn ou deshens las maysous.
Les femmes ne sont pas maçons, Cependant, elles font ou défont les maisons.
- —L'aygue que goaste lou bi, La carrete lou cami E la hemne lou besi.
L'eau gâte le vin, La charrette le chemin Et la femme le voisin. « Cause la brouille entre voisins. »
- —Lou qui acalhabéje qu'amoureje.
Celui qui lance des petits cailloux est amoureux.
- —Lous omis ne-s mesuren pas à l'aune.
Les hommes ne se mesurent pag à l'aune : la haute taille et les belles apparences ne sont rien : seule, la valeur morale compte.
- —Maride lou hilh quoan bouilles, E la hilhe quoan pousques.
Marie ton fils quand tu voudras Et ta fille quand tu pourras.
- —Mey bau chic abé que d'abé hère e tout debé.
Mieux vaut avoir peu qu'avoir beaucoup et devoir tout.
- —Malau de boune maysou dab tchic de cause que-n a prou.
Malade de bonne maison avec peu de chose en a assez : un malade riche se dit bien malade avec peu de mal.
- — N'ey pas aura bèsti coum mau bestit.
Il n'est pas aussi sot que mal vêtu.
- —Ni per bèt ni per lè, nou-t dèches ni cape ni brespè.
Ni par beau ni par mauvais temps, ne laisse chez toi ni cape, ni goûter
- —Ne j'a pas disapte chens sou ni gouyatote chens amou.
Il n'y a pas de samedi sans soleil ni de toute jeune fille sans amour
- —Nou escandalisaré pas û maynadje.
Il ne scandaliserait pas un enfant. (Il est très bon et fort poli).
- —Ne-s mouque pas à la manche. Il ne se mouche pas à la manche.
- —Ne j'a pas que lou mouquirous qui-s mouque. Il n'y a que le morveux qui se mouche.
- —Pà d'ue die e bî d'û an, bite de gourman. Pain frais et vin d'un an, vie de gourmand.
- —Pla dise que hè arrise Pla ha que hé cara.
Bien parler (ou dire) fait rire Bien faire fait taire.
- —Petit mau. grane ligasse. Petit mal, grande ligature.
Se dit de quelqu'un qui veut montrer plus de mal qu'il n'en, a, soit pour se faire plaindre, soit pour ne pas travailler.
- —Qu'ey habillat de magre.
Il est très maigre.
- —Qu'ou hè coum u cop de berét sus u asou.
Cela ne lui fait rien, comme un coup de béret à un âne.
- —Qu'es jougueré la camise.
C'est un joueur forcené, il jouerait sa chemise.
- —Qu'ey prumé pet que camise.
Charité bien ordonnée commence par soi-même (peau passe avant chemise).
- —Que bade coum ue potche de coucàrrou.
Il admire, niaisement, la bouche ouverte (comme est ouverte la poche d'un pauvre diable).
- —Qu'a la potche tràucade.
C'est un dépensier (il a la poche trouée).
- —Qu'a ue rée de coucàrrou. Il (ou elle) est, bien fait ; tout lui va bien (pour le dos du pauvre diable tous les habits sont sur mesure).
- —Que ba mey loègn lou de qui piule que lou de qui siule.
Celui qui va doucement va plus loin, vit plus longtemps, que celui, qui s'agite, qui se dépense trop.
- —Que ya mey de paraules en u pintou de bi qu'en tres mesures de rournen.
Il y a plus de paroles dans un demi-litre de vin que dans trois « mesures » de blé. (Le vin fait parler.)
- —Que droumen amasse. Ils dorment ensemble.
Se dit, des personnes qui complôtent les mêmes affaires, plutôt malhonnêtes, et qui ne se « vendront » pas les unes les autres.
- —Que bau mey gen qu'argen.
Gent vaut mieux qu'argent. (Une personne de valeur vaut mieux qu'une belle dot.)
- —Quoan la hemne balenteje, L'oustau qu'arditeje.
Lorsque la femme est laborieuse. La maison fait de l'argent. (Fait de l'argent de tout)
- —Qu'ou haren batia u esclop.
Il est naïf : on lui ferait baptiser un sabot.
- —Que bau mey boune renoumade que cinte daurade.
Mieux vaut bonne renommée que ceinture dorée.
- —Que bau chic quoan nou disen pas merci.
La chose vaut bien peu si l'on ne dit pas merci.
- —Riche qui pot, urous qui sab, sage qui bou.
Riche qui peut, heureux qui sait, sage qui veut.
- —Si l'estacaben au prat, que pecheré.
Si on l'attachait au pré, il paîtrait. (Il est bête comme un âne).
- —Sietade de soupe e bourrat de bi adiu remedis e medeci.
Celui qui peut manger une bonne assiettée de soupe et boire un bon coup de vin n'a plus besoin ni de remèdes ni de médecin.
- —Si bois castiga ço de mau Coumence per l'oustau
Si tu veux corriger châtier le mal Commence par ta maison.
- —Tres toupies au lare que hèn la hèste, E tres hemnes à l'oustau que soun la peste.
Trois pots (ou marmites) devant le foyer sont signe de fête ; mais trois femmes dans la maison sont la peste. (Rendent la vie unpossibie.)
- —Tout pè que trobe lou soû esclop. Chaque pied trouve son sabot :
Chacun trouve un parti pour se marier.
- —Tres hilhes e la may Quoàte diables ent'au pay.
Trois filles et la mère. Quatre diables pour le père.
- —Ue boune hiéladoure qu'a la hialère cantadoune.
Le bon ouvrier travaille en chantant et va vite ; la bonne fileuse a la thie chanteuse.
- —U bou cop de couchi bau tres bisites de medeci.
Un bon coup de coussin (un bon sommeil) vaut trois visites du médecin : il repose et fait « beaucoup de bien, il guérit. »
Sources
- Comité Universitaire, de l'Enseignement Dialectal Béarnais, 1943
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