La vallée d'Ossau :              
                    Culture, et Mémoire.




PROVERBES DU BÉARN


— ANIMAUX —

  • Adiu la baque beterère ! Adieu la vache à veau !
    Se dit en parlant de celui qui a perdu ce qu'il exploitait, ce dont il tirait un profit continuel ;
    il n'a plus « sa vache à lait ».

  • Ahamiat coum u gat Decap u arrat.
    Affamé comme un chat devant (qui a pris) un rat.

  • A picouti per asou. A picotin par âne.
    Chacun son écot. Chacun pour son compte.

  • A qui asou ha, Asou que hè bou presta.
    A qui âne a, il « fait bon » prêter âne.
    Prêter à qui peut rendre ; à qui l'on peut emprunter. — « On ne prête qu'aux riches. »

  • Au gratusa lou porc que-s couche. Au gratter (quand on le gratte), le porc se conche.
    Dans l'Annagnac : « En gratuilla que cay la troujo ; Atau que hè la goujo. »
    J.-F. Bladé, Contes et Proverbes. En français : « Gratter l'épaule à quelqu'un », signifie chercher à se le rendre favorable.

  • Ay ! Ay ! pourcera n'ey pas berri.
    (C'est fort expressif, mais très ignoble ; il s'agit de la truie et du verrat.) « Parturire non est coire. » Plasé d'amou Feneix en plou. Plaisir d'amour finit en pleurs. Après le rire, les pleurs ; Après les jeux, les sanglots. »

  • Baque poumpouse, betèt cagarous. Vache magnifique, veau « foireux».
    — «Grasso vaco fai lou vedel fouirous. »
    L'abbé de Sauvages, Dictionnaire languedocien. « Une bonne verge porte bien aucunes fois un mauvais sion.»
    H. Estienne, Prècellence du langage françois. C'est la contre-partie du proverbe « Bon sang ne peut mentir», ou, comme a dit Horace : « Fortes creantur fortibus. »

  • Baxatz-pe, garies ; lou renard que ba prechà. Baissez-vous (descendez), poules ; le renard va prêcher.
    On se doute que quelqu'un veut faire un coup de finesse, « jouer un tour de renard ». « Le renard qui préche aux poules. » L.-F. Sauvé, Proverbes de la Basse-Bretagne.

  • Bene a carn de caa. Vendre à (au prix de) chair de chien.
    Vendre à vil prix, pour rien. « Char lie (bonne chair) de chien Ne vaut rien.»

  • Bente de loup, ventre de loup ; se dit d'un affamé.
    « Sur le Noël, morte saison, Lorsque les loups vivent de vent. »
    Œuvres de François Villon. C'est une croyance populaire que les loups vivent de vent.
    Elle a du naître des longues diètes forcées des loups, en certains lieux et certaines saisons, et de leur maigreur extréme ; on n'a qu'à se rappeler, dans le premier chant de la Divine Comédie, la louve, symbole de l'avarice.

  • Berret de boeu. Béret de bœuf.
    Ce sont les cornes : la coiffure d'un « Sganarelle ».

  • Bèt chibau, Moussu, si ère boste.
    Beau cheval, Monsieur, s'il vous appartenait. S'applique aux gens qui affichent des prétentions que rien ne justifie. « Salut, Monsieur, si vous l'êtes, Voilà un beau cheval, s'il est à vous. »

  • Bira de boeus en baques. Tourner de bceufs en vaches.
    « Prendre martre pour renard. » Dans Horace : « Mutat quadrata rotundis. »

  • Bissè, n'ha pas hèyt lous oelhs a la gate.
    Je sais bien qu'il n'a pas fait les yeux à la chatte. (Ce sont des yeux excellents.) Le proverbe est usité au sujet de quelqu'un dont on vante trop l'adresse, l'habileté au travail.

  • Bou mous de gate hede.
    Bon morceau de chatte qui a mis bas (qui a des petits). Au sens de « morceau de choix », comme il en faut pour les nourrices.

  • Burguè n'ha jamey esglaxat Nat arrat.
    Meule de paille na jamais écrasé aucun rat. «Aise comme un rat en paille.»
    Notre proverbe se dit parfois au sujet d'une petite femme en possession d'un mari de forte corpulence.

  • Cade arrat en soun burguè. Chaqué rat en sa meule de paille.
    Chacun chez soi. «Lou gat au gaté ». Le chat aux gouttières. Chacun à sa besogne.

  • Cambia de gatous. Changer de petits chats.
    S'emploie au sens de « changer de gamme » ; changer de ton, de conduite ; avoir d'autres affections.

  • Carca l'asou. Charger l'âne. « Haro sur le baudet. »
    Tout, asou qui pete, que-s f... de la carque. Tout áne qui pète se f... de la charge.
    Le mot de Mazarin est plus décent : « Ils chantent, ils payeront. »

  • Chagrina-s coum u betèt qui poupe. Se chagriner comme un veau qui tête.
    « Plus aise qu'un pourceau en l'auge. »

  • Coum crabe, cagalhetes. Comme chèvre, du crottin.
    Se dit, par dérision, de tout ce qui se produit en grand nombre et n'a pas de valeur. U pet de crabe au miey deu bosc. Un pet de chèvre au milieu du bois.
    Une chose méprisable, qui « ne vaut pas le pet d'un âne mort ».

  • Coum la crabe, hè la crabote. Comme la chèvre, fait la chevrette.
    « Au train de la mère, la fille. » — Quoand a las bitz la crabe saute, Lou crabot qu'ey saute tabèe.
    Quand aux vignes la chèvre saute, le chevreau y saute aussi. « Quand la chèvre saute au chou, le chevreau y saute itou. »
    On dit dans les hautes vallées : Aoun era craba ibe brousta, Et crabot broustara. Où la chèvre allait brouter, le chevreau broutera.

  • Coum u bou caa, toustemps de hourre. Comme un bon chien, toujours d'aboiement.
    Se dit d'un homme qui « est en haleine », toujours en bonne disposition pour faire quelque chose. (Hourre n'a pas la signification de « combat de chiens »

  • Courre coum la pèe-descausse. Courir comme un lièvre.
    Les paysans du Béarn appellent le lièvre « la pied-déchaussée ».
    Dans la Provence, c'est le loup qui est « lou pèd-descaus ».

  • Courriu coum lou porc de sent Antoni. Coureur comme le compagnon de saint Antoine.
    Un individu qui va de tout cóté, çà et là, par monts et par vaux.

  • Cousii germaa De nouste caa. Cousin germain de notre chien.
    Expression de mépris à l'adresse des Cagots. Se disait aussi des gens qui se targuaient de noble origine.

  • De baque gayade, betèt gayat. De vache tachetée, veau tacheté.
    Le fils tient de la mère.

  • Deu temps qui lous caas pourtaben perruques e las saumes cournetes.
    Du temps que les chiens portaient des perruques et les anesses des cornettes.
    En français : « Du temps que les bêtes parlaient. »

  • Farci l'asou. Farcir l'âne.
    Remplir la panse.

  • Feniant coum u gat borni. Fainéant comme un chat borgne.

  • Fii coum ue laa de porc, Fin comme une laine (soie) de porc.
    Se dit à propos de malices grossières, de « finesses cousues avec du fil blanc ».

  • Gnau ! hè lou nouste gat. Miaou ! fait notre chat.
    On le dit pour montrer que l'on n'est pas dupe de quelqu'un qui affecte de refuser ce qu'il désire vivement. Au même sens : Ni lou gat lèyt. Ni le chat (ne veut pas) du lait.

  • Goardatz-pe qu'en gnacant au talou lou caa nou-p he sanna las aurelhes.
    Prenez garde qu'en vous mordant au talon le chien ne vous fasse saigner les oreilles. Pour signifier qu'en certain cas celui qui provoque peut être plus maltraité qu'il ne pense.

  • Goeytatz-pe de l'homi qui-s care Coum deu caa qui nou layre.
    Gardez-vous de l'homme qui se tait comme du chien qui n'aboie pas. « Chien qui aboye ne veut mordre. » Gourmand coum u gat de yudye. Gourmand comme un chat de juge.
    Il semble qu'il y a là un souvenir de Grippe-minaud, « le chat fourré », que Rabelais représente « portant gibbessière sus la bedaine ».

  • Habe nau bites coum u gat.
    Avoir neuf vies comme un chat. Avoir la vie dure comme un chat ; résister aux causes de la mort.

  • Haboussi-you toutz lous escutz qui u caa lexerè per ue coustete !
    Eussé-je tous les écus qu'un chien laisserait pour une côtelette !

  • Ha la counfessiou deu renard. Faire la confession du renard.
    Pour dire qu'il n'y a, dans les aveux que l'on fait, ni sincérité ni repentir. Le renard dévot est casuiste et hypocrite.

  • Ha l'arride deu caa. Faire le rire du chien.
    Que l'on prenne garde, « il montre les dents ». Même proverbe dans le Rouergue ; « Fai rire de chin, que passo pas las dens. »

  • Hart coum u pon de moulii. Repu comme un porc de moulin (où sont en abondance grains et farine).

  • La bère gate de Piaulet, Douce de pate e de miaulet,
    Toustemps habè lous oelhs barratz, De poü de bede lous arratz. La belle chatte de Piaulet, douce de patte et de miaulement, toujours avait les yeux fermés, de peur de voir les rats.
    « Faire la chattemite » ; affecter un extérieur humble, doux et pieux pour mieux tromper les gens.

  • La qui n'ha habut deu bourricou, Nou-n boü pas mey deu chibau.
    Celle qui en a eu du baudet, n'en veut plus du cheval.

  • Lou caa de Truque-Martere Que respoun quoand arrès nou l'apère.
    Le chien de « Frappe-Martère » répond lorsque personne ne l'appelle. Les mauvais témoins sont toujours empressés de dire plus de choses qu'on ne leur en demande.
    Truque-Martère, Frappe-Martère, applique au mauvais témoin, rappelle le proverbe de Salomon, XXV, 18 : « L'homme qui porte un mauvais témoignage contre son prochain est un marteau. »

  • Lou caa e lou gat Biben deu mau estuyat.
    Le chien et le chat vivent du mal caché (de ce que l'on n'a pas eu le soin de serrer). « La male garde paist le loup. » Roman du Renart. « Lerres emble de légier là où il n'a garde » ; le voleur prend facilement là où on fait mauvaise garde.

  • Lou gat hè sourti las urpes quoand hè besounh.
    Le chat fait sortir les griffes quand (cela) fait besoin. « Ne réveillez pas le chat qui dort. »

  • Lou gat n'ha pas tout so qui gnaule. Le chat n'a pas tout ce qu il miaule (tout ce qui le fait miauler).
    Tous les désirs ne peuvent étre satisfaits.

  • Lou porc encagouteix la trouye. Le mâle transmet son indignité de race.

  • Lou qui minye mesture, Ha la came dure ; Lou qui minye paa, Ha la came de caa.
    Celui qui mange de la méture (espèce de pain de farine de maïs), a la jambe dure ; celui qui mange du pain (de farine de froment), a la jambe de chien.

  • Lous caas hèn caas, Y lous gatz hèn gatz. Les chiens font des chiens, et les chats font des chats.
    « Tel père, tel fils. » Les Basques disent : « Quelle est la pie, telle est son petit. »
    En provençal : « Li chi fan pas de cat. » Les chiens ne font pas des chats.
    Dans le Rouergue : « Lous loups foù pas d'onièls. » Les loups ne font pas des agneaux.

  • Marcat mudat Nou bau pas u gat. Marché changé (dont on a changé le jour) ne vaut pas un chat.
    A Cologne (Gard) : « Fieiro retrasegudo Es miècho tengudo. » Foire ajournée est à moitié tenue.

  • Mey bau u gnac de caa Qu'u pot de caperaa. Mieux vaut une morsure de chien qu'un baiser de prêtre. Allusion au baiser de Judas. « Les baisers de celui qui hait sont à craindre. »

  • Mey de gatz, Mey d'arratz. Plus de chats, plus de rats.
    Certaines affaires vont d' autant plus mal, qu'il y a plus de gens qui s'en occupent.
    En provençal : « I'a trop de bèsti que se i'atalon pèr que lou viage vague ben. »
    Il y a trop de bêtes à l' attelage pour que le charroi aille bien. Voy. J. Roumanille, Fau i'ana (il faut qu'on y aille).

  • Nou gahen pas dues lèbes en u yas. On ne prend pas deux lièvres en un gite.
    « On ne peut pas prendre deux mères au même nid. »

  • Quauqu'arrè y-ha, quoand lou caa layre. Il y a quelque chose, quand le chien aboie.
    «Jamais bon chien n'aboye à faulte. »

  • Que-b darèy u gat de nau coudes.
    Je vous donnerai un chat de neuf queues. Autant vaut « promettre un merle blanc »
  • .
  • Que credè gaha la lèbe, que gaha lou lebrautou.
    Il croyait prendre le lièvre, il prit le levreteau. Il n'a pu avoir tout ce qu'il convoitait.

  • Que hè trouta la saume.
    Il fait trotter l'ânesse ; ce qui signifie, selon les cas, il se porte bien, il va son petit train, il ne fait pas mal ses affaires.

  • Que-s pause coum lou boeu a l'oumbre deu nouguè.
    Il se repose comme le bœuf à l'ombre du noyer. Un homme qui travaille sans relâche. ( Le joug des boeufs est fait de noyer.)

  • Que s'y enten coum u asou a gaha calles.
    Il s'y entend comme un áne à prendre des cailles. « A quoi vous étes stylé comme un âne à jouer du flageolet. »

  • Que-y ba hère d'anhètz a la boucherie. Il va beaucoup d'agneaux à la boucherie.
    ( Il meurt plus de jeunes que de vieilles personnes.) En fr. : « Il va plus au marché peaux d'agneaux que de vieilles brebis. »

  • Que-u sab bou, coum au chibau la cibade de hèr.
    Il le trouve bon, comme le cheval « l'avoine de fer. » Cela lui est aussi agréable que l'èperon au cheval.

  • Qu'ey boule esquira lou gat. C'est vouloir mettre la sonnaille au chat.
    Être hardi, tenter une entreprise difficile. Dans La Fontaine : « La difficulté fut d'attacher le grelot. » Au XIV e siècle, Eustache Deschamps avait dit : « Qui pendra la sonnette au chat ? »

  • Que y-ey hèyt coum l'asou a l'aubarde.
    Il y est fait (habitué) comme un âne au bât (à porter le bât). « L'accoutumance ainsi nous rend tout familier. »

  • Qu' ha minyat crabot.
    Il a mangé du chevreau. Celui qui ne tient pas en place, l'homme sautillant.

  • Qu'ha poupat lèyt de saume. Il a tété du lait d'ânesse.
    Un individu très bête.

  • Qui dab caas ba, Apren de layra. Qui avec les chiens va, apprend à aboyer.
    « On apprend à hurler avec les loups.»

  • Qui deu mus deu caa s'amoureye, Que s'en hè ue guiroufleye.
    Qui s'énamoure du museau du chien s'en fait une giroflée. « Il n'est nulle laide amour .»
    « Fussiez-vous aussi noire que la mure, vous êtes blanche pour qui vous ainie. » « Quiconque aime une grenouille en fait une Diane. »

  • Quoand Martii betèri. Quand Martin (le bceuf) vélera.
    S'emploie au même sens qu'en français : « Quand les poules auront des dents. »
    En espagnol : « Cuando la salsicha comerá al gato », quand la saucisse mangera le chat.

  • Rouget ba toustemps dab Blanquet. (Rouget et Blanquet, noms de bœufs.)
    Rouget va toujours avec Blanchet. Les bœufs vont toujours deux à deux. Se dit de deux compagnons inséparables. « Saint Roch et son chien. »

  • Tau coum las gates Soun t'arrata, Tau las gouyates soun ta troumpa.
    De même que les chattes sont pour prendre des rats, de même les jeunes filles sont pour tromper.

   Sources

  • V. LESPY, Dictons et Proverbes du Béarn, Imprimerie, Garet, Pau, 1892
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