— Aci, que y-ha trop de mèstes, Disè lou harri debat l'arrascle.
Ici, il y a trop de maîtres, disait le crapaud sous le sarcloir.
On est bien malheureux, et l'on ne peut qu'être accablé, lorsqu'on a plus d'un maître à subir.
— « Aci qu'ey l'alh, » disè la cebe. Ici est l'ail, disait l'oignon.
Usité au sens de « la pelle se moque du fourgon ».
En basque : « Le hibou dit à la pie grosse tête. »
En provençal : « Lo peyrol mascaro la sartan », le chaudron salit la poêle.
— Aco n'ey pas pourga castanhes. Cela n'est pas éplucher des châtaignes.
Se dit pour ce qui n'est point aisé à faire. au mot « chastagne », pour signifier ce n'est pas là s'amuser de choses frivoles : « Cela n'est pas peler chasteignes. »
— Affrayra-s dab yentz de soun esclop.
Faire société avec des gens de son sabot (de son espèce). « Ne nous associons qu'avec nos égaux. »
— Agusa yungs peu petit cap. Aiguiser des joncs par le petit bout.
S'occuper de choses inutiles, perdre son temps. — Semia agulhes. Semer des aiguilles. .
— A la Candelère, Toque lou c. a l'auque bère, Si l'oeu nou ha, Que l'habera.
A la Chandeleur, touche le croupion à l'oie ; si elle n'a l'œuf, elle l'aura (bientôt).
Se rapporte à la ponte de l'oie, dès les premiers jours de février. L'auque bère, l'oie belle, c'est la couveuse.
— « A la Saint-Mathias (24 fév.), l'œuf est au c. de la cane. »
— A Sente-Agathe, Toque l'oeu a l'aucate, Si nou l'ha, Hè-la tousta.
— A la Sainte-Agathe (5 février), touche si l'oie a l'œuf ; si elle ne l'a, fais-là rôtir.
— A l'arreque torte, Lou boun Diu que-n y porte.
Au sillón (fait) de travers, le bon Dieu en porte. Si le laboureur a mal tracé son sillón, il s'en remet « à la grâce de Dieu ».
— A miey jenè, Miey palhè ; A miey heurè, Miey graè, E lou porc sancè.
— A la mi-janvier, mi-pailler (la meule de paille, réduite de moitié) ; à la mi-février, mi-grenier (grenier à moitié plein), et le porc entier (la salaison conservée).
Ainsi pourvus à cette époque de l'année, les gens de la campagne ont, pour eux et pour leurs bêtes, de quoi arriver aux mois où se renouvellent les provisions.
— An de cepére, An de misère.
Année de beaucoup de champignons, année de misère.
— An de glandère, An de hartère. Année qui produit beaucoup de glands, année de grande abondance. (Hartère, de hart, rassasié, gorgé, repu.)
— L'an de l'esquilhoutère, L'an de la misère. Année d'abondance de noix, année de misère.
— Aquiu qu'ey l'alh. Là est l'ail.
Voilà ce qui pique, ce qui est cuisant ; voilà la difficulté. Au XVIIe siècle : « Aqui qu'es l'ail, lou gran mau qu'es aquiu. » Là est l'ail, le grand mal est là.
— Arrid, tistèt ! Las higues que soun madures. Ris, panier ! Les figues sont mûres. Au sens de : prenez, soyez content ; voilà qui vous fera plaisir.
— Arrous deu printemps Ta las herbes balin hems.
Rosées de printemps pour les herbes valent fumier.
— A Sent-Andreu, Mate lou porc, estaque lou boeu.
A la Saint-André (30 nov.), tue le porc, attache le bœuf.
— Per Sent-Andreu, Lou qui haye porc, que-u de seu peu. A la Saint-André, quiconque ait porc, qu'il lui donne sur le poil (qu'il le tue).
— A Sent-Bernat, Dalhe lou prat.
A la Saint-Bernard, fauche le pré.
— A Sente-Catherine, Que lou roument sie roumerine.
A la Sainte-Catherine (25 nov.), que le blé ait germé, que l'herbe commence à poindre. (Roumerine, herbe de froment qui point.) « A la Saincte-Catherine, Tout bois prend racine .»
— A Sent-Miquèu, la liouse s'en tourne tau cèu.
A la Saint-Michel, la graine de lin s'en retourne au ciel. Pour que le lin vienne bien, il faut qu'il soit semé avant le 29 septembre.
— A Sent-Miquèu, lou brespè mounte au cèu. A la Saint-Michel, le goûter monte au ciel.
Les journées étant courtes, il n'y a plus de repas entre le diner et le souper.
En français, pour constater qu'à cette date l'hiver approche, on dit : « A la Saint-Michel, La chaleur remonte au ciel. »
— A Sent-Miquèu, Pele l'abelhe e taste lou mèu. A la Saint-Michel, pèle (tue) l'abeille et goûte le miel.
— A toustemps da, lous cassous que-s sequen.
A toujours donner (des glands), les chênes se sèchent. On le dit, pour refuser aux personnes qui demandent encore, après avoir beaucoup reçu.
— Lou cassou lou men hort que-s seque. Le chêne le plus fort se sèche (finit par sécher).
— Mais, pour signifier que, seuls, les bienfaits de Dieu sont inépuisables, le français s'exprime ainsi :
« Les pommiers ne vieillissent point pour donner des pommes.»
— Au bosc, oun bed mey de hoelhes que d'arbes.
Dans la forêt, on voit plus de feuilles que d'arbres. On trouve dans le monde plus de têtes légères que d'esprits rassis, « plus de fous que de sages ».
— Au cabelh clabat, eslayet d'agreu.
A l'épi fermé (dont les grains tiennent fort), fléau de houx. « A dur âne, dur aiguillon.»
— Au camp qui marle porte, Deu marcat dinè s'empörte.
Qui porte de la marne au champ, du marché emporte de l'argent.
La bonne culture enrichit. « Creusez, fouillez, béchez... Le travail est un trésor. » La Fontaine.
— Au mouyt entre l'escasse. Au (sol) mou entre l'échasse.
Les Basques disent : « Dans une terre molle, il est facile de faire un grand trou. »
— Balent coum l'aygue deu barat.
(Un indolent, un paresseux, un individu inerte) qui ne remue pas plus que l'eau du fossé.
— Barreyadou de harie, amassadou de bren.
Qui répand la farine et amasse le son.
— Bau chic la palhe, Quoand lou blat n'ey hore. Peu vaut la paille, quand le blé en est hors.
— Qui n'ey aryentat, Goayre d'amicxs n'ha troubat.
Qui n'a pas d'argent, n'a guère trouvé d'amis. « Vil est tenu partout qui rien n'a. »
— Bouixa la rée dab ue serbiete de mesplè, Essuyer le dos avec une serviette de néflier.
Battre à coups de bâton. Dans la partie du Béarn qui confine au pays de Bigorre : Freta etz os Dab engoent det bos. Frotter les os avec de l'onguent du bois.
— Bouta habes au toupii. Mettre des fèves au pot.
S'emploie au sens figuré du français : « Cela fait bouillir la marmite. » — Tourna tira habes deu toupii. revenir à tirer des fèves du pot. Revenir à la santé, reprendre des forces ; rétablir ses affaires.
— Cade arbe ha soun oumbre. Chaque arbre a son ombre.
Chacun a son défaut.
— Cade heretè Plante soun beryè. Chaqué héritier plante son verger.
Celui qui hérite s'empresse de faire acte de maître. Chaqué héritier change son escalier.
« Cado heritiè Dieu plonta soun poumiè. » Chaque héritier doit planter son pommier,
« parce que, dit M. Vayssier, le pommier ne vit guère plus qu'une génération d'hommes »
— Coelhe l'arrague. Cueillir la fraise.
Prendre ce qu'il y a de meilleur, d'excellent.
— Da cuje. Donner citrouille.
Renvoyer quelqu'un, sans lui accorder ce qu'il demande ; c'est presque lui « donner un camouflet » Moussoü curé que l'ha dat cuje. M. le curé lui a donné citrouille.
Se dit de la personne à qui l'on sait que le confesseur a refusé l'absolution.
— De hemnes y de dalhes, Nou y-ha qui las escaye.
De femmes et de faucilles, il n'y a pas qui les rencontre bonnes (qui en trouve de bonnes).
En prenant femme, en achetant faucille, rarement on tombe bien.
— De l'arrague a la mesple, Que troubaras qui-t neureixque; D'aquiu enla, Que t'en cau cerca.
De la fraise à la nèfle, tu trouveras qui te nourrisse ; de là en avant, il faut t'en chercher.
Durant la belle saison jusqu'aux premiers froids, on a de quoi donner ; il n'en va pas toujours de même pendant l'hiver.
— En tout chin lou soenhant, Lou cassou que bad gran.
En le soignant lorsqu'il est tout petit, le chêne devient grand. Qu'on élève bien les enfants, on en fera des hommes, à leur avantage et au profit de la société.
— Faute de poume, Que-s cau arrouganha lou perou.
Faute de pomme, il faut ronger le trognon. « Faute de grives, on mange des merles. »
— Gare a d'autes perulhes ! Gare à d'autres prunelles !
Gare d'autres coups, d'autres perils. — « Un jour, Sully, accourant pour prévenir Henri IV des manœuvres de l'ennemi, le trouva en train de secouer un beau prunier de damas blanc.
Pardieu ! Sire, lui cria-t-il, nous venons de voir passer des gens qui semblent avoir dessein de vous préparer une collection de bien autres prunes que celles-ci et un peu plus dures à digérer.»
— Habè dalhés. Avoir des faucheurs (pour la fenaison).
Avoir une affaire qu'on ne peut remettre à un autre moment, à un autre jour. Il n'y a pas un instant à perdre, lorsqu'on fait les foins, de peur d'un changement de temps.
— Habè u broc au pèe. Avoir une épine au pied.
Se dit pour signifier avoir un souci, une inquiétude. — N'ey pas ad aquet pèe qui a lou broc.
Ce n'est pas à ce pied qu'il a l'épine. « Ce n'est pas là que le bât le blesse.»
— Ha coum qui escoude cerises. Faire comme (celui) qui ôte queue aux cerises. (On le dit aussi avec higues, figues.) Agir sans effort, avec la plus grande facilité, comme celui « qui enfile des perles »
— Hica la maa aus arraguès. Mettre la main aux fraisiers.
Ètre trop entreprenant. Dans Goudelin : « Un parel de majofos », une paire de fraises ; « les poupels » ; ce qui rappelle ce vers de Ronsard :
Dont le bouton ressemble une fraise nouvelle.
— Hica-s grèix a las toupies. Mettre de la graisse dans les grands pots.
S'approvisionner, étre prévoyant. — « Mettre du foin dans ses bottes. »— « Faire ses choux gras »
— L'aboundance que bien de la branque. L'abondance vient de la branche.
Année de fruits, année d'abondance.
— La boutigue deus paysaas. La boutique des paysans.
Les champs. C'est par le travail qu'ils se procurent là ce qui leur est nécessaire.
— La poü que goarde la binhe. La peur garde la vigne.
: « Initium sapientiæ timor Domini », la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse.
— Laura dab saumetes. Labourer avec de petites ânesses.
Si tu laboures avec une ânesse, tu n'auras jamais un bon guéret.
Notre proverbe s'emploie aussi pour signifier faire les choses petitement.
— L'hoerdi au brasoc, Lou roument au hagnoc.
(Il faut semer) l'orge en terre meuble comme cendres (brases), le froment en terrain mou (hagne, boue).
— Lou bii e la leyt coum Diu l'a hèyt. Le vin et le lait comme Dieu l'a fait (les a faits).
Lait et vin ne sont bons que lorsqu'ils sont naturels.
— Lou boun Diu castanhes da A qui nou las se sap pela.
Le bon Dieu donne des châtaignes à qui ne sait se les peler. « Il ne sait pas son pain manger »
— Lou coaresme deus paysaas. Le caréme des paysans.
Dès le mois de septembre, certaines provisions, dans les maisons de la campagne, sont presque épuisées ; on les ménage parcimonieusement jusqu'au mois de décembre, où l'on fait celles de l'année qui va commencer.
— Loung coum la hami de may. Long comme la faim de mai.
En français : « Long comme un jour sans pain. » Au mois de mai, le paysan est dans le besoin, il lui tarde de faire la moisson.
— L'u que segouteix lou plèix, E l'aute qu'amasse las amoures.
L'un secoue la haie, et lautre ramasse les mures. « Baton tire les marrons du feu, Bertrand les croque. »
— « Amis, vous batez les buissons, Dont aultres ont les oisillons. »
— Mey de bren que de harie. Plus de son que de farine.
Plus de mauvaises qualités que de bonnes. S'emploie anssi à l'adresse des gens qui donnent « plus de sauce que de poisson ».
— Minya coum u baradè. Manger comme un homme dont le métier est de creuser des fossés,
Baradè, de barat, fossé. On dit aussi : Minya coum u dalhayre. Manger comme un faucheur.
— Nou cau pas trop usa la haus, Si bolin que coupe la touye.
Il ne íaut pas trop user la faux, si l'on veut qu'elle coupe l'ajonc. Se dit au sens de : « Qui veut voyager loin, ménage sa monture. »
— Nou soun pas paysaas toutz lous qui porten lagulhade.
Ne sont point paysans tous ceux qni portent l'aiguillade. « Sous une meschante cappe se trouve souvent le bon facteur. »
— Nou y-ey pas jamey l'esclop, que nou-y sie lagansole. Le sabot n'y est jamais, que la garniture de cuir n'y soit. L'un ne va pas sans l'autre.
— Oun y-ha trouncxs,. que y-ha esteres.
Où il y a des troncs, il y a des copeaux.
— Ploura coum ue bit talhade. Pleurer comme une vigne (récemment) taillée. Verser d'abondantes larmes; « pleurer comme une fontaine ».
— Que ba mau ta la roumendade, Si may nou la lèxe cabelhade.
Ça va mal pour les froments, si mai ne les laisse pas avec les épis formés.
— Que hè oumbre de-d'hore lou naz. Le nez fait ombre de bonne heure.
Dans le langage des laboureurs, au sens de : le soleil descend vite, les journées sont courtes.
— Qu'en sort boune harie. Il en sort bonne farine.
L'affaire va bien ; on aura un bon résnltat.
— Qu'en y ha de toutes en ue mate de sabius. Il y en a de toutes dans un assemblage de branches d'osier.
Dans un amas de choses, dans une reunion de personnes, choses ou personnes ne sont pas également bonnes. — En ue tusque d'aberous qu'en y ha de toutz. Sur un noisetier touffu, il y a de bonnes et de mauvaises noisettes.
— Que s'empleara mantu clot de marlère. Il se remplira (d'eau) maint trou de marnière.
Se dit au même sens qu'en français : « Il passera bien de l'eau sous le pont. »
— Que s'ha cracat toutz lous aberaas. Il a croqué toutes ses noisettes.
Il a mangé tout son avoir ; il ne lui reste plus rien.
— Qu'ey a la caus. Il est (il se tient) au tronc.
Il est soutenu, appuyé ; il est avec les forts, les puissants.
Les Espagnols disent : « Quien a buen arbol se arrima, Buena sombra le cobeja. » Qui s'appuie à bon arbre, bonne ombre le couvre.
. — Qu'ey coum touyes. Il est comme ajoncs.
Un individu qui a un caractère désagréable, peu commode. « un hérisson », et dans le langage populaire « un crin », il est comme un crin. — On dit aussi, en béarnais, au même sens : Broc d'aranhou. Une épine de prunellier. — Dous coum u punh d'ourtigues. II est doux comme une poignée d'orties.
— Qu'ey en sas praderies. Il est en ses prairies. Se dit de celui qui est dans l'aisance, qui a toutes les commodités de la vie.
— Qu'ey esclop deu sou pèe. C'est le sabot de son pied.
Voilà qui lui convient ; « Ça le chausse ». « Il a bien trouvé chaussure à son pied » signifie aussi « il a rencontré qui lui peut résister ».
— Qu'ha lèu hourneyat. Il a vite enfourné.
Il a vite mangé tout son bien.
— Qu'ha arraditz a la terre. Il a des racines en terre.
Celui qui « a des biens au soleil », le propriétaire fonçier.
— Qu'habetz a respoune ad acó ? Ni habes ni ceses.
Qu'avez-vous à répondre à cela ? Ni fèves ni pois. Rien de bon.
— Qu'ha castanhat, Il a récolté les châtaignes.
Il ne lui reste plus rien à faire, ou il a tout dépensé. (La récolte des châtaignes est la dernière de toutes. Pour la faire, on frappe les branches du chàtaignier à coups redoublés, jusqu'à ce qu'il ne reste plus de fruits sur l'arbre.)
Sources
V. LESPY, Dictons et Proverbes du Béarn, Imprimerie, Garet, Pau, 1892